Romain Tessier croque la vie dans ses vergers

Romain Tessier (promo 2008) est diplômé du PGE Ressources Humaines. Il est Directeur général délégué de l’entreprise familiale SICA Gerfruit depuis 2011, Gérant du Verger de la Portière depuis 2010 et Gérant de la Pommeraye des Vignes depuis 2014 à Chenu, dans la Sarthe. 

Quel a été votre parcours depuis votre sortie de l’ESDES ?

Mon stage de fin d’études chez Randstad (ex VediorBis) comme Chargé d’affaires s’est poursuivi par un CDD. J’ai eu la chance d’avoir un manager exceptionnel qui m’a permis de prendre confiance en moi et de révéler certains de mes potentiels. À l’issue du CDD, j’ai préféré décliner l’offre d’emploi proposée, car je ne souhaitais pas intégrer une grande entreprise urbaine.

Comment avez-vous eu l’envie de poursuivre l’héritage familiale ?  

Nous sommes fin 2008, et même si je n’ai jamais abordé le sujet avec mes parents, j’ai l’envie de prendre part à l’activité familiale. Mes parents ont 4 structures de production de pommes et la SICA Gerfruit, la société de stockage, calibrage, conditionnement et vente des fruits. Mon père, à son époque, n’a pas eu d’autre choix que de poursuivre l’activité de son père. Ne souhaitant pas reproduire ce schéma, il ne nous a pas forcément attirés vers l’entreprise. Pour autant, lorsqu’il m'a fait part d’un besoin de quelqu’un dans ses vergers, j’ai quitté Lyon et je me suis lancé !  

Quelles ont donc été vos premières activités ?

J’ai intégré l’entreprise par la partie production en me consacrant au verger avec des missions transversales sur le pôle RH puis je me suis orienté vers le commerce et la logistique pendant 3 ans. Depuis 2010, je suis gérant et actionnaire principal de 2 structures de production « Verger de la Portière » (2010) et « La Pommeraye des Vignes » (2014) et Directeur général de SICA Gerfruit. Mes parents disposent de deux autres structures de production. Toutes nos exploitations sont associées dans la SICA GERFRUIT. Nous assurons donc la direction et la présidence de manière partagée entre mon père et moi.  

Quelle est la valeur ajoutée de votre offre ?

Notre verger comprend 270 hectares de pommes et nous faisons partie d’une organisation de producteurs rassemblant 8 familles de producteurs pour un total de 850 ha. Nous commercialisons donc 45 000 tonnes de pommes auprès de la grande distribution, des réseaux de spécialistes (grossistes) et sur le marché Export. Nous sommes positionnés sur un segment plutôt haut de gamme à la fois sur la technique, la conduite de verger et les variétés de pommes (label Vergers Ecoresponsables, label environnemental Bee Friendly, défense des insectes pollinisateurs, 15 % de la production en culture bio et intégralité de la production en agro écologie). Nous souhaitons tirer la meilleure valeur de nos fruits, tenir nos promesses gustatives aux consommateurs tout en étant dans une démarche de progrès. Contrairement à des plantes annuelles (tomates, courges…), en culture pérenne, les arbres repartent avec l’historique des années précédentes (maladies, ravageurs, cycle d’alternance…). Plusieurs ingénieurs agronomes veillent à la protection de nos vergers et à l’ensemble du process qualité, traçabilité et sécurité alimentaire. 

Quelle ambition portez-vous pour votre société ?

Je dois veiller à l’attractivité de l’entreprise et continuer à m’entourer de ressources hautement qualifiées et pleinement engagées dans notre projet, car dans une PME, les collaborateurs sont très polyvalents. Nous avons recruté un Directeur industriel pour passer un cap sur le pôle industriel et un Directeur administratif et financier pour aller chercher de la performance fiscale financière. Nous devons être dans la performance pour assurer notre présence sur le marché et faire face à la concurrence étrangère récente sur nos marchés nationaux. Nous sommes une PME en croissance, nous devons donc absolument développer les compétences de nos proches collaborateurs et leur faire confiance. Nous avons récemment créé un Comité de Direction pour se répartir les rôles et les missions. Cette structuration de la gouvernance et du management nous permet d’optimiser les potentiels de chacun dans l’entreprise. 

Quelles valeurs incarnez-vous en tant qu'entrepreneur ?

Je suis extrêmement proche de mes équipes, j’accorde énormément d’importance à connaître les gens, à donner du temps d’écoute et de parole à tous. Les valeurs humaines et de proximité sont absolument primordiales. Nous avons une responsabilité sociétale importante de maintien d’un tissu économique et social dans une zone rurale sinistrée économiquement. De nombreuses entreprises ont fermé leurs portes ces 20 dernières années dans notre secteur du Sud Sarthe et de l’arboriculture en particulier.  

Est-ce que les relations familiales ont évolué depuis que vous avez rejoint l’entreprise ?

Les relations professionnelles avec mon père se passent bien, nous avons trouvé notre équilibre. Concernant la vie familiale, la balance vie privée/vie professionnelle n’est pas toujours évidente à ajuster et des mises au point sont nécessaires parfois ! C’est un choix de vie, nous sommes engagés à 150 % dans notre métier et notre vie est également rythmée par l’activité du verger. Certaines périodes de l’année sont extrêmement chronophages, car les décisions à prendre sont lourdes de conséquences et ne peuvent pas être déléguées dans leur intégralité.

Quelles compétences l'ESDES vous a-t-elle permis de développer ?  

J’ai choisi l’ESDES pour l’approche différente du management : la partie humaine et RH étaient très développées et c’est une dimension importante pour moi. L’ESDES a été la seule école à proposer autant de cours de sociologie, de psychologie du travail… 

Une phrase qui vous guide ?

C’est un proverbe Africain qui guide mon quotidien. « Tout seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin. »

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